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Gericault

Tekst 2 Géricault: le plus beau naufrage du monde



«Le Radeau dela Méduse», 1818-1819, 490x716 cm. Louvre, Paris

11    Le 2 juillet 1816, le bâtiment français «La Méduse», en route vers le Sénégal, fait
2 naufrage à quelques lieues de la côte d'Afrique. Sur un radeau de 20 mètres de long et7
3 de large se pressent cent quarante-neuf passagers. On n'en retrouvera, douze joursplus
4 tard, que quinze, les autres ayant été jetés à la mer ou même dévorés par les survivants. La
5 tragédie suscite, en France, une grande émotion. Trois ans plus tard, Géricault reconstitue
6 l'événement en un tableau devenu légendaire, et dont l'importance allait se révéler
7 capitale pour la peinture de son siècle.
28    Le peintre aborde un genre nouveau: la relation d'un événement contemporain. En
9 choisissant de montrer avec puissance un moment crucial du drame- celui oû les
10 naufragés tentent en vain d'alerter l'équipage d'un autre navire, qu'on entrevoit,
11 minuscule, dans le fond - il fait d'un épisode tragique de la navigation un authentique
12 moment d'histoire. Pour ce la, il pousse le réalisme jusqu'à réunir une immense
13 documentation sur le naufrage, et à se faire construire un véritable radeau dans son atelier.
14 Il fréquente même la morgue² d'un hôpital parisien pour mieux rendre l'anatomie des
15 cadavres. Ce perfectionnisme est d'ailleurs jugé mal sain par les néoclassiques. On relève,
16 dans ce chef-d'oeuvre, l'influence de trois maîtres italiens: Michel-Ange pour la puissance
17 plastique des personnages, Raphaël pour leur gestuel le dramatique et le Caravage pour la
18 lumière crépusculaire.


noot 2 la morgue = het mortuarium

L'Obs-Musées (supplément au «Nouvel Observateur»),printemps 1992