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De l’art d’apprendre la démocratie au lycée

De l'art d'apprendre la démocratie au lycée



Le texte suivant est une interview du sociologue Robert Baillon. Robert Baillon est directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et auteur de «La démocratie au lycée», éd. ESF 1998.

-Le Quotidien de la République: Le   mouvement. En réalité, ces quatre ans
mouvement lycéen d'octobre derniercorrespondent à une génération lycéenne:
a mis en évidence des demandes trèschaque élève a le désir de passer par
précises des élèves, notamment surce rite initiatique que ses aînés ont
la qualité de l'enseignement. Celaeffectué et qui marque la rupture
confirme-t-il le résultat desentre l'enfance au collège et l'âge
enquêtes que vous menez depuis desadulte. Cela ne signifie pas que les
années?lycéens sont [id:15052] politiquement:
-Robert Baillon: Lorsque l'on demandecomme les adultes, une grande partie
aux lycéens quels droits ilsdes jeunes manifestent du désintérêt
considèrent essentiels, ils citentmême du mépris pour la politique, et
en premier les conditions d'étudesseuls 30% s'intéressent à la chose
pour [id:15046] leur réussite. Comme nouspublique et sont engagés.
tous, ils se comportent en-Les lycéens parlent souvent de
consommateurs face à un service«démocratisation» du lycée alors
public. Ils insistent beaucoup surqu'ils se désintéressent de la
la qualité de la relation humaine,politique.
notamment avec les enseignants.-Les lycéens sont attachés à des
C'est leur deuxième préoccupation:principes démocratiques mais ils les
être traités avec [id:15047].exercent très peu. La moitié des
Même s'ils pensent «je fais mes troislycéens peut voter mais l'abstention
ans et je m'en vais», ils veulentreste très forte. L'abaissement du
que ces trois années se déroulentdroit de vote à 16 ans n'est pas du
bien. En 1990, les événements ont ététout une de leurs revendications. Les
[id:15048] pour les élèves etlycéens [id:15053] qu'on les considère comme
l'administration: les lycéensdes adultes : ils résistent à la volonté
demandaient plus de moyens et lede la société de les rendre trop tôt
gouvernement a accédé à leur demande.responsables. Ils veulent pouvoir
Tout à coup, ils existaient en tant«déconner7)».
qu'acteurs sociaux.-Comment l'école doit-elle évoluer
-Comment les lycéens envisagent-ilspour favoriser la découverte de la
leur avenir?démocratie?
-C'est l'autre dominante du mouvement-[id:15054] que l'enseignement de la
lycéen d'octobre: aujourd'hui, 61%démocratie reste théorique, même si les
d'une génération obtient le baccalauréat.cours d'éducation
En 1985, ils étaient 35%. C'est dire àcivique sont nécessaires. Le lycée doit
quel point ce diplôme ne représente pluspermettre aux élèves d'apprendre
grand-chose pour trouver un travail.concrètement cette notion par le biais
Le lycée n'offre aucun projet de vie etde leurs droits et de leurs devoirs, par
ne façonne pas l'avenir. Les problèmesla prise de parole, directement ou à
de la jeunesse [id:15049] et les lycéenstravers des délégués. A la Fin du cycle
en ont une meilleure perception. Ilscollège-lycée, 50% des élèves ont été
ont peur que leurs études ne leursau moins une fois délégué de classe.
procurent pas une place dans la so ciétéLes journaux scolaires ou les bureaux
[id:15050] se traduit notamment dans lesde la vie lycéenne participent de la
résultats de l'enquête que je mène surmême démarche. Il reste que cette
les conduites déviantes des lycéensdémocratisation, pourtant si nécessaire,
(tabac, alcool, drogue), où tous les[id:15055] traditions: il n'est que de voir
indicateurs sont au rouge.les difficultés de Claude Allègre sur ce
-Le fait qu'ils manifestent signifie-point. Par exemple, les enseignants ne
t-il que les lycéens accèdent à unesont pas tous prêts à accepter
prise de conscience politique?l'introduction d'une heure de délibération
-Je dis souvent pour plaisanter quepar mois entre élèves et professeurs.
les lycéens descendent dans la rueIl reste du chemin à parcourir.
tous les 4 ans: en 1986 (loi Devaquet),
en 1990 (qualité de vie), en 1994propos recueillis par Raphaël Meltz,
(SMIC-jeunes). Cette année j'ai cru que,dans «Le Quotidien de la République» du
grâce à sa consultation du printemps,23 octobre 1998
Claude Allègre6) allait briser ma
thèse. Eh non! Il y a [id:15051] eu un

Claude Allègre: Frans minister van onderwijs van 1997 tot 2000