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Le télétravail: pourquoi ça ne prend pas

Le télétravail: pourquoi ça ne prend pas

1    La montée en puissance de la Netéconomie    reposerait, inconsciemment, d'abord sur un
 et des nouvelles technologies devrait50 décompte du temps de présence et ensuite
 donner, imagine-t-on, un second souffle seulement sur la qualité du travail.
 à ce concept hier considéré comme une5    La division entre l'ancienne et la nouvelle
5 révolution culturelle: le télétravail. Dans sa économie se retrouve également entre diffé-
 définition la plus séduisante, il s'agirait de rents types de Net-entreprises. Celles issues
 travailler, après négociation avec l'employ-55 d'un grand groupe - filialisées - ou du secteur
 eur, de façon régulière et alternée au bureau 
 et à domicile, cela aux heures habituelles. 
210    Or, la France est, en la matière, dans la fin 
 du peloton européen, si l'on en croit les esti- 
 mations. Chez nous, 1,8% de la population 
 active, soit quelque 400 000 salariés, serait 
 concernée en 1999 par le télétravail, selon 
15 l'Association française du télétravail et des 
 téléactivités (AFTT), alors qu'aux Pays-Bas, 
 leaders incontestés en Europe, le chiffre est 
 proche des 18%. 
3    Les jeunes e-entreprises (Wanadoo, Club- public ont tendance à reproduire les concepts
20 Internet et consorts…), pourraient - devraient de management préexistants. A l'inverse, par
 être - à l’avant-garde du télétravail. Installées exemple chez Spray France, on cultive tout
 au coeur des technologies de pointe, elles sont,60 naturellement un esprit de liberté. L'entreprise
 en toute logique, armées intellectuellement est conçue comme une deuxième maison avec
 pour fournir à leurs salariés tout l'arsenal un sauna, des douches, une salle de
25 dernier cri: ordinateur, liaisons Internet et gymnastique, un coin détente etc. Les
 Intranet, logiciels convenables, téléphone portable. employés sont tous munis de téléphone
 Sans compter qu'une forte proportion65 portable et d'ordinateur portable connecté à
 des emplois que créent ces entreprises correspondent Internet, toutes les communications étant à la
 à des fonctions très indépendantes, charge de l'entreprise. Chaque membre de
30 qu'il s'agisse de conception, de rédaction, l’équipe est autonome. Seules les deux
 d'exploration ou encore d'activité commer- téléphonistes sont, fonction oblige, présentes
 ciale. L'e-job typique serait plutôt autonome,70 tous les jours. Last but not least, ce leitmotiv
 il permet de gérer son emploi du temps selon qui revient dans la bouche du président de
 l'humeur et la charge de travail. De décider Spray France: «Dans les start-up, faire des
35 que, ce lundi, eh bien, on reste en pyjama, on heures supplémentaires, c’est faire du
 met en route son ordinateur et on bosse sans snobisme. Ici les journées se terminent en
 mettre le nez dehors. Et quel bonheur de ne75 règle générale à 19 heures.»
 pas avoir à sourire à chaque collègue de6    A l'évidence, il ne suffit pas qu'apparaissent
 travail chaque jour… de nouvelles technologies dites «facilitantes»
440    Or, il s'avère que la majorité de ces Net- pour que s'instaure instantanément une
 entreprises est à la traîne. Les freins sont, nouvelle organisation du travail, même là où
 semble-t-il, d'ordre culturel: les hiérarchies80 les conditions du succès sont apparemment
 détestent ne pas avoir sous leurs yeux leurs réunies. Encore faut-il que les esprits soient
 collègues. Un chef de service en France préparés, ouverts, que l'idée à la mode se
45 aurait tendance à estimer sa puissance et son transforme en demande, pour que l'expérience
 autorité selon un critère numérique. Il vérifie ait une chance de réussir.
 chaque jour les horaires d'arrivée et de départ85 Eric Coder, dans «L’EDJ» du 4
 des employés. L'appréciation du travail au 10 mai 2000