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Culottée !

    l’auteur du livre Une histoire politique
 du pantalon. Elle y décrit avec érudi-
 tion et esprit l’histoire politique et
 culturelle de la conquête de ce vête-
 ment par les femmes. « A l’origine »,
 nous explique-t-elle, « le pantalon,
 c’est le vêtement du vaincu, du
 barbare, du pauvre, du paysan, du
 marin, de l’artisan, de l’enfant… ». Il
 devient le vêtement du haut de
 l’échelle sociale avec la Révolution
 française de 1789.
4    Cette rupture politique marque
 une aspiration à la liberté et à
 l’égalité. Liberté de mouvement,
 égalité des sexes. Quoique… Si
 chaque corps est citoyen, le masculin
 l’est toujours un peu plus… Pour la
 femme, le pantalon est encore considéré
 comme un déguisement. La
 Révolution a libéré les corps, mais
 n’a pas mis fin à toutes les conven-
 tions sociales. Le 7 novembre 1800,
 une ordonnance de la préfecture de
1    En 1972, une conseillère techni- police de Paris interdit aux femmes
 que au cabinet d’Edgar Faure veut de s’habiller en homme. La publi-
 transmettre un message au ministre cation du Code civil de Napoléon en
 des Affaires sociales dans l’Assem- 1804 renforce le pouvoir masculin.
 blée nationale. On lui refuse l’entrée Une femme obtient tout de même en
 en raison de sa tenue. « Si c’est mon 1806 une « permission de travestis-
 pantalon qui vous gêne, je l’enlève sement » pour monter à cheval.
 dans les plus brefs délais ! » Devant5    Le vêtement libérateur est récu-
 la détermination de la jeune femme, péré au 19ème siècle par les artistes
 l’huissier laisse entrer Michèle Alliot- et les écrivains comme George Sand.
 Marie. Le costume reflète l’ordre social. Il le
2    Cette anecdote montre qu’il y a à crée. Porter la culotte, c’est avoir le
 peine quarante ans, malgré l’inven- pouvoir. Au 20ème siècle, le panta-
 tion du tailleur-pantalon par Yves lon passe par la mode qui l’impose
 Saint Laurent, ce vêtement passait timidement, mais c’est au nom du
 encore mal dans la tête des hommes sport et de la santé qu’il gagne du
 quand il était porté par des femmes. terrain dans la mode féminine. Dans
 Ainsi, Jacques Chirac, alors Premier les années 1930, quelques esprits
 ministre en 1976, fait savoir au chagrins s’inquiètent d’une virilisation
 ministre des Universités, Alice du monde, mais quand on voit
 Saunier-Seïté, qu’elle « dégrade la l’actrice célèbre Marlène Dietrich en
 fonction et l’image de la France » en pantalon dans le film « Morocco », le
 venant pantalonnée au conseil des doute s’installe.
 ministres.6    En lisant le livre de Christine
3    Pas de doute, il y a eu un pro- Bard, on constate qu’aujourd’hui la
 blème avec le pantalon. Il y a surtout liberté de la femme ne passe plus
 eu un problème avec cet attribut du par ce combat public et cette victoire
 pouvoir masculin. Christine Bard, une durement acquise en faveur du
 des principales représentantes des pantalon. Ce qui pose problème
 « gender studies » en France, est désormais, c’est la jupe…