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La double vie des lycéens

La double vie des lycéens

1     «Je relis ma leçon entre deux bus à    dans la vraie vie,[id:53838] l’école leur
 nettoyer.» Walid Melih, 19 ans, résume semble un monde plutôt artificiel, ne
 sa double vie. Elève en bac professionnel mettant pas souvent à l’épreuve la
 le jour. Salarié, sous contrat à40  valeur des individus et qui maintient
5  durée indéterminée le soir. Du lundi au une sorte d’infantilisation», explique-
 vendredi, de 19 heures à presque t-elle. La nécessité et le désir
 minuit, dans un dépôt des transports d’autonomie financière sont souvent
 en commun lyonnais, Walid attend ses mêlés dans certains milieux sociaux où
 22 bus. Il a commencé en intérim il y a45  le travail reste le plus sûr moyen de
10  deux ans. «Pour avoir une certaine s’en sortir. «Dans leur famille, on leur
 indépendance, dit-il. La vie, c’est cher. fait comprendre que c’est mieux de
 Depuis que je suis tout petit, je me suis travailler», résume la proviseure du
 toujours débrouillé. Alors, si je peux lycée Seguin.
 décharger mes parents…» Avec ses 500450      Les lycéens-travailleurs n’ont
15 à 600 euros par mois, Walid paie sa pourtant pas nécessairement affaire au
 voiture, son téléphone portable, ses décrochage scolaire. Contrairement à
 sorties. Pour lui, comme pour de nom- leurs pairs qui ne connaissent pas
 breux lycéens, la rentrée signifie caser l’expérience du travail rémunéré, ils
 l’emploi du temps scolaire dans un55  sont confrontés très tôt à un univers de
20  agenda déjà bien rempli. responsabilités. Sans aboutir forcé-
2     Au lycée professionnel Seguin, à ment à la démission du lycéen, la
 l’est de Lyon, la situation de Walid est fatigue et l’absentéisme sont cependant
 loin d’être [id:53836] . Selon Marie-José un souci évoqué dans tous les établis-
 Vuillermet, la proviseure adjointe, la60  sements concernés. «On n’est pas plus
25  moitié des élèves ont une activité. Sur coulants mais peut-être plus attentifs»,
 des horaires plus ou moins amples, ces commente Marie-José Vuillermet. Un
 emplois sont variés: livraison de piz- autre professeur note qu’il a lui-même
 zas, fast-food, déménagement, mar- récemment trouvé un travail de pré-
 chés, etc. Sans savoir-faire spécifique,65  parateur de commandes dans une
30  les jeunes constituent une maind’oeuvre entreprise voisine, pour l’un de ses
 flexible, en général peu reven- élèves. «C’était cela, ou bien il décro-
 dicative. cherait pour partir bosser à plein
3     «Pourtant, le mobile économique temps.» Preuve que l’école, dans sa
 n’est pas, loin s’en faut, la seule raison70  pratique quotidienne, compose sou-
35  qui pousse les lycéens à pratiquer une  vens avec la réalité sociale.
 activité.» «Disons qu’ils veulent entrer