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Mozart et Beethoven contre la haine

Mozart et Beethoven contre la haine

     pagnonnage entre musiciens de
 30 pays «ennemis».
  (2) «Quand ils jouaient, l’identité
  et l’histoire de chacun disparais-
  sait », se souvient Edward Saïd, qui
  a piloté ce projet de formation
 35 arabo-israélienne avec Barenboïm.
 (1) Peut-on parler du conflit Et l’intellectuel palestinien d’ajou-
 israélo-palestinien ou faut-il s’en ter en direction de son ami chef
 tenir strictement à la musique? La d’orchestre: «L’important, c’est ce
 question divise les jeunes virtuoses qu’ils faisaient pour toi.»
5 du West Eastern Divan Orchestra.40 (3) Qu’est-ce qui pousse un grand
 Cet orchestre compte quatre-vingts artiste à jouer pour les élèves d’une
 musiciens d’Israël et de Palestine, école de Ramallah? «Je ne suis pas
 mais aussi du Liban, de Syrie, un homme politique. Ce que je
 d’Egypte et de Jordanie qui se re- peux faire, c’est leur apporter la
10 trouvent depuis quelques années45 musique et, grâce à elle, atténuer la
 chaque été en Allemagne pour tra- haine.» Ouverture, rencontre, dé
 vailler pendant un mois sous la couverte de l’autre et de son his
 direction du chef d’orchestre répu- toire... Le camp de concentration
 té israélien, Daniel Barenboïm, de Buchenwald n’est qu’à quelques
15 avant de donner quelques concerts.50 kilomètres de Weimar et, après un
 Certains refusent de se laisser de leurs concerts, les membres du
 entraîner sur le terrain de la Divan Orchestra ont visité le camp
 politique, d’autres souhaitent avec Daniel Barenboïm et Edward
 parler de la réalité de leur pays. Said.
20 Mais tous s’accordent sur le carac-55 (4) Mise à part la musique, il y a la
 tère unique, exceptionnel, de dynamique des répétitions, le plai-
 l’aventure musicale et humaine sir d’apprendre sous la direction
 qu’ils sont en train de vivre. C’est d’un chef exigeant mais très géné-
 une expérience inouïe: s’asseoir reux, le désir d’avancer et d’entraî-
25 côte à côte, apprendre ensemble,60 ner l’autre avec soi… Une joie im-
 n’avoir plus qu’un seul but, être mense pour des jeunes qui ne
 meilleur qu’on ne l’a jamais été, et croyaient pas à la possibilité de
 l’être réellement, grâce à ce com- faire quelque chose ensemble.