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Où en sont les beurs?

Où en sont les beurs¹?



1 Aujourd'hui, près de quarante ans après la    l'ombre? Pour la plupart ils sont nés et ont été
 fin de la guerre d'Algérie, des milliers élevés en France, dans les bidonvilles, ces
 d'enfants de l'immigration ont réussi à faire cités de transit, les HLM. Leurs parents étaient
 leur trou. Il y a maintenant une classe50 analphabètes. Pendant toute leur enfance, ils
5 moyenne d'enfants d'immigrés devenus ont fait leurs devoirs sur la table de cuisine
 adultes, français et parfaitement intégrés, qui dans des appartements surpeuplés et vu leurs
 s'est enracinée dans ce pays. Une pères travailler comme des fous dans l'usine.
 «beurgeoisie» dont on commence à peine à Ils ont été victimes de la crise et du chômage,
 percevoir l'existence.55 ils ont assisté à la montée de l'islamisme et à
210 Ces Français ont des choses à dire. Ils celle des discours de l'extrême droite. «Si
 supportent mal de se voir visés par les l'intégration a fonctionné, c'est seulement de
 soupçons, réduits à des comportements de façon individuelle, chacun pour soi dans son
 violence, et finalement marginalisés par les coin», affirme Malek Boutih. Beaucoup d'eux
 clichés. Ils renvoient dos à dos ceux qui, à60 ont honte d'afficher leur réussite, comme s'ils
15 droite, les stigmatisent comme ceux qui, à trahissaient leurs cousins des banlieues, qui,
 gauche, les traitent en éternelles victimes. «La eux, sont restés dans la marge de la société.
 gauche n'a fait aucun effort pour cette6 Ces notables beurs, à l'aise dans leur
 génération, qu'elle a considérée comme un costume, sont loin de se sentir victimes. Mais,
 électorat facile», déclare Malek Boutih,65 même s'ils se considèrent comme des Français
20 président de SOS racisme à l'Express. comme les autres, étrangers à l'image
3 Un échec, donc, la politique d'intégration misérable des jeunes de banlieue, ils laissent
 française? Non, corrige Malek Boutih: tous transparaître une sourde amertume face à
 «Beaucoup de choses marchent, et nous ne la réalité des discriminations quotidiennes
 l'avons pas assez dit. Une véritable société70 qu'ils continuent de subir malgré tout: la
25 multiculturelle est née. La France compte réflexion blessante, le tutoiement lors d'un
 autant de musulmans que les Etats-Unis, et contrôle d'identité, la sélection au faciès à
 c'est le pays où le taux de mariages mixtes est l'entrée de la boîte de nuit, l'appartement
 le plus élevé. Cette communauté s'est intégrée soudain déjà loué quand on annonce son nom
 beaucoup plus vite que toutes les autres75 au propriétaire. Des injustices dont l'Etat a
30 populations». commencé à prendre conscience en 1999,
4 Pourtant, c'est une population mal connue, lorsqu'on a donné la priorité à la lutte contre
 discrète et invisible, à peu près ignorée de la les discriminations.
 vie publique. Ils n'ont aucun élu à7 Mais actuellement, à droite comme à
 l'Assemblée Nationale, ils ne figurent80 gauche, c'est un groupe électoral qu'on
35 pratiquement jamais dans les spots de (re)découvre. Les banlieues commencent à
 publicité, leur présence dans les médias est intéresser la classe politique, et pas forcément
 encore marginale. Pendant très longtemps, à gauche. Les responsables politiques de ce
 cette génération a été confondue avec les pays n'ont jamais clairement déclaré que la
 immigrés et les sans-papiers, sur lesquels se85 communauté des enfants d'immigrés faisait
40 concentrait le discours politique. Mais une partie de la nation, de l'histoire, de la culture
 «beur pride» est en train de naître chez ces fils françaises. L'élection présidentielle suivante
 d'immigrés. Ils veulent être des Français pourrait être l'occasion d'aborder un tel
 comme les autres, sans renier leurs racines ni discours. On peut toujours rêver…
 leurs parents. «Beur is beautiful», en quelque 
45 sorte.90 «L'Express»
5 Mais qui sont-ils donc, ces Français de

¹ des beurs: nakomelingen van immigranten afkomstig uit Noord-Afrika