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Les femmes et la lecture

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1    « Ce que lisent les femmes ? Pfft... ! Et pourquoi    cette tendance toute féminine à la fiction. « Nous
 ne liraient-elles pas ce que lisent les hommes ? » faisons très attention à ce qu’on propose un grand
 lance, irritée, une jeune éditrice. La question mérite choix de romans que l’on appelle ‘féminins’, avec
 pourtant d’être posée. Car un simple coup d’oeil aux35 des histoires d’amour », reconnaît Charles
5 statistiques confirme ce que les professionnels du Dupêchez, directeur littéraire du Grand Livre du
 livre ont constaté depuis longtemps : les femmes ne Mois. Son souci est compréhensible, car les femmes
 lisent pas la même chose que les hommes. représentent 62% de la clientèle du GLM.
 Autrement dit, la lecture a un sexe !5    L’argument selon lequel leur « soif de rêve », ou
2    Un sondage fort instructif, commandé par la40 « d’exotisme », conduirait les femmes à préférer les
10 SNCF¹, a montré en octobre 1994, que si 70% des romans, aurait-il quelque fondement ? Martine
 hommes consacrent leur temps de transport Lamarle, présidente du fan-club de la romancière
 quotidien à la lecture d’un journal, 69% des femmes américaine Danielle Steel, reconnaît que la plupart
 en profitent en revanche pour lire un livre. Et une des lettres destinées à ce club disent plus ou moins
 étude menée récemment auprès des acheteurs de45 la même chose : Merci Danielle Steel de nous faire
15 Librio, la collection de livres de poche à 10 francs, rêver et de nous faire oublier les soucis. « Une bonne
 révèle que 71% de ses clients sont des femmes, ce histoire, bien racontée, qui fait rêver les lectrices et
 qui prouve non seulement qu’elles lisent, mais aussi leur donne un sentiment de bien-être, c’est une
 qu’elles sont plus économes qu’on ne le croit ! combinaison gagnante à tous les coups ! » dit
3    Plus sérieusement, rappelons tout d’abord que50 Renaud Bombard, directeur littéraire des Presses de
20 les femmes ont, entre autres supériorités sur le sexe la Cité. Et Marion Mazaurac, directrice littéraire des
 dit fort, celle de lire plus que les hommes. «Les éditions J’ai lu, dont le catalogue comporte trois
 femmes lisent peut-être plus, mais elles lisent des collections sentimentales, assure : « Une femme ne
 romans!» entend-on déjà plaisanter les machos. lit des romans sentimentaux que pour se faire plaisir
 C’est un fait que sept lecteurs de romans sur dix55 et pour rêver. C’est du fantasme pur ! »
25 sont des lectrices, reconnaît Jean-François Hersent,6    Pourtant, quand on interroge les sociologues sur
 chargé de mission à la Direction du livre, et toutes la préférence « innée² » des femmes pour le roman,
 les enquêtes révèlent que les femmes préfèrent le ils se montrent plus sceptiques. « Si la lecture
 romanesque tandis que les hommes lisent plutôt des féminine est davantage orientée vers la fiction, ce
 essais et des ouvrages pratiques. »60 n’est pas une question de nature, explique
430    Les clubs de livres, qui offrent des best-sellers Bernadette Seibel, directrice de l’observatoire France
 en tout genre, ont depuis longtemps tenu compte de Loisirs, mais parce que, dans la vie sociale, tout ce


¹ SNCF: Société Nationale des Chemins de fer Français (de Franse Spoorwegen)

² inné = aangeboren

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 qui est tourné vers les sentiments se trouve plutôt    bibliothécaires et professeurs) qui familiarisent les
 du côté féminin. » « Les femmes ont, à diplôme égal, petits garçons avec la lecture? Et qu’ainsi les
65 moins tendance que les hommes à se tourner vers adolescents assimilent spontanément la lecture à
 des lectures en relation avec leur profession, assure une activité féminine ? En résumé, les deux sexes ne
 
Olivier Donnat, auteur de
l’enquête sur les pratiques
culturelles des Français,
sans doute parce qu’elles ne
s’investissent pas de la
même façon dans leur
travail. »
   Une chose est sûre, les
femmes séparent moins
plaisir et lecture que les
hommes, condamnés à lire
« utile ». Et cela commence
très tôt. Suivant l’exemple
de leurs mères, les filles
90 sont pas égaux devant la lecture.
 9    Reste à suggérer que les garçons et les hommes
  pourraient bien être les victimes innocentes des
70  circonstances sociales et scolaires de leur jeunesse...
  
  
  
7  
75  
  
  
  
  
80  
 lisent plus, et lisent plus de romans que les garçons. 
 Et 79% des filles de 14-16 ans s’amusent en lisant, 
 contre seulement 69% de leurs petits camarades! 
8    Est-ce que cela serait dû au fait que ce sont des d’après Carole Vantroys, dans «Lire», avril 1995
85 représentantes du sexe féminin (institutrices,