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Le sac plastique, pas très séduisant, mais pratique

Le sac plastique, pas très
séduisant, mais pratique



1    Quinze millièmes de millimètre d’épais-    mence par une grande quantité de petites boules
 seur, 7 centimes à la production, 5 gram-35 de polyéthylène, où l’on souffle de l’air. Il en sort
 mes au total. Très fort malgré tout. Dix une sorte de film qu’on imprime, comme un
 kilos dans le ventre, il tient toujours. Pour faire journal. Puis une longue machine taille, plie,
5 pratique, on lui a collé des bretelles. Pour faire découpe, soude… et il en sort un sac plastique.
 joli, des couleurs imprimées. En plus, il est distri- Fascinant, non ?
 bué gratuitement et en grand nombre.640    Le sac, on l’a dit, a maigri au fil des ans. Il s’est
2    Le sac plastique ne fait pas rêver. Pourtant il aussi perfectionné. Avez-vous noté que la plupart
 devrait. Car ce truc est une merveille de techno- de ceux que vous remettent les caissières n’ont
10 logie. C’est vers le milieu du 20e siècle que naît plus de bords qui collent et qu’il est donc possi-
 la formidable idée de fabriquer des sacs faits de ble de les ouvrir sans une crise de nerfs? Et puis,
 cette nouvelle matière, souple et solide à la fois:45 il y a, autre avancée de la technique, ces plasti-
 le plastique. Ils seraient jetables et imperméables, ques plus rapidement «biofragmentables». Car,
 hygiéniques et stériles. Et en plus cent fois contrairement à une idée répandue, les nouveaux
15 plus résistants que les sacs en papier, bref, révo- sacs, abandonnés dans la nature, n’y demeurent
 lutionnaires. pas éternellement. Ils ne sont pas biodégra-
3    Malgré ses évidentes qualités, la trouvaille con-50 dables, certes. Mais au fil du temps (entre trois et
 naît des débuts lents et difficiles. Et puis, dans six mois), avec le soleil, ils noircissent, tombent
 les années 70, tout s’accélère. Les supermarchés en morceaux, jusqu’à disparaître complètement
20 adoptent le sac plastique, dont ils deviennent de la vue. Ils se «biofragmentent». Cela n’em-
 très vite grands dévoreurs: à lui seul un super- pêche pas les supermarchés Leclerc de vouloir
 marché peut en absorber plus d’un million par55 les chasser de leurs magasins et de vendre seule-
 mois. ment de bons gros sacs en bon gros plastique
4    Mais parlons technique: «Un sac de 5 grammes avec de bonnes grosses poignées. Motif officiel:
25 peut être chargé de 10 kilos; ça touche à la per- empêcher que les gens abandonnent des millions
 fection. » L’homme qui s’enthousiasme ainsi sait de sacs. Raison réelle: c’est moins cher, car il faut
 de quoi il parle. Car Pierre Villatte est directeur60 payer une taxe sur les sacs gratuits.
 d’Alplast, spécialisé dans la production de sacs.7    Attitude hypocrite d’ailleurs, qui n’inquiète
 Dans les usines de son groupe, des machines guère Jean-Claude Antin, directeur des établisse-
30 géantes produisent dix sacs-bretelles par secon- ments Polyma. Car son usine ne livre pas aux
 de. Peu de personnel, beaucoup d’investisse- grands supermarchés, mais au chausseur du coin,
 ments, production automatisée à l’extrême.65 au prêt-à-porter d’en face.
5    La production de ce mince sac plastique com- 
  
  
  d’après Philippe Eliakim, dans «Libération» du
  29 octobre 1995