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Ça va pas être possible

					lui, «je prenais ma pause au coucher du soleil
					pour enfin manger quelque chose.» Et avec
					Allah, «pour les prières, je faisais les cin q
				35	prières l’une après l’autre après être re ntrée
					du travail.» Au départ, le patron du magasin
					avait parlé d’un contrat de qualificati on.
		«La prochaine fois, j’irai à l’entretien			Finalement, il a refusé. «Malgré cela, il m’a
		avec des lentilles de contact			quand même proposé de poursuivre le st age
		bleues, des cheveux blonds et je me		40	nd même proposé de poursuivre le st
		maquillerai le visage de fond de teint.»	3		Kahina s’impatiente. Et regrette Draa
	5	Kahina Benzina, yeux marron, cheveux bruns			Ben Kheda, sa ville de naissance, à une
		et peau mate, termine le récit d’un			dizaine de kilomètres de Tizi Ouzou, en
		rendez-vous transformé en échec			Algérie. Elle en est partie quand l’entrep rise
		pour la énième fois. Aujourd’hui, il s’agissait		45	où son père travaillait depuis vingt-cinq an s a
		d’avoir un job comme vendeuse. «Au début,			fermé. La nationalité française de sa mère
	10	je ne voulais pas croire que c’était à cause de			semblait faciliter les choses. Lycéenne sérieu-
		mon nom ou de ma couleur.» Après des di-			se dans son pays natal, Kahina voulait suivre
		zaines de lettres sans réponses et plusieurs			une formation qui lui permettrait de venir en
		entretiens inutiles pour des boulots comme		50	ai de au peuple algérien. «Devenir psycho-
		caissière en supermarché, Kahina ne s’étonne			logue, car, là-bas, on en a tous besoin, personne
	15	plus de rien.			n’est épargné par les fondamentalistes.»
1		Paranoïa ou réalité? Peut-être seulement	4		Mais Kahina a quitté Draa Ben Kheda
		un besoin de comprendre. «On me dit que je			l’année du bac, en pleine révolte, causée par
		n’ai pas d’expérience alors que j’ai travaillé		55	la mort d’un lycéen dans une gendarmerie.
		trois semaines dans un supermarché. A la fin,			«Les cours n’ont plus eu lieu pendant toute la
	20	j’ai compris qu’on engage des jeunes qui ont			fin de l’année scolaire», raconte Kahina avec
		des noms français.» Manque d’«expérience»,			regret. A Lille, elle a souhaité s’inscrire au
		manque de «profil», elle a plutôt l’impression			lycée, 34elle a vite compris que son
		qu’on ne lui dit pas la vérité.		60	niveau de français ne lui permettrait pas de
2		Kahina s’impatiente. Depuis son arrivée			continuer ses études scolaires. Et de courrier
	25	à Lille, en septembre 2003, elle n’a plus			en courrier, les refus polis des employeurs lui
		travaillé que ces «trois semaines dans un			laissent peu d’espoir sur le marché du travail.
		supermarché». Le stage, non payé, venait			«En Algérie, la vie était devenue impossible,
		compléter une courte formation théorique. En		65	mais, ici, sans travail, qu’est-ce que je peux
		plein ramadan, la jeune fille musulmane,			faire?»
	30	fidèle aux cinq prières quotidiennes, a conclu			«Phosphore»