Faim d’été pour | | |
les SDF2) parisiens | |
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Chaque année, la misère recommence avec | |
le 1er août.Tous les endroits où l’on peut | |
se nourrir d’habitude ferment leurs por- | |
tes. » José, à la rue depuis trois ans, ne | |
comprend pas pourquoi les centres de la Mie de | |
pain ne distribuent pas de repas l’été. « A croire | |
que parce qu’il fait chaud on ne doit plus avoir | |
faim. » | |
A Paris et dans d’autres grandes villes, la ques- | |
tion est d’autant plus préoccupante cette année | |
que ceux des SDF2) qui, d’ordinaire, descendent | |
dans le Sud à la recherche de petits jobs sont res- | | tine Deverneuil, qui participe à l’opération. ASA |
tés. « Beaucoup espéraient trouver des jobs avec | | prévu cet été de servir plus de 150 000 repas, |
Coupe du monde de football », explique une | | pour 120 000 la saison dernière. Et dans les gran- |
assistante sociale. Difficile cependant de chiffrer | | des villes comme Lille ou Lyon, on envisage d’ap- |
cette population marginalisée. | | peler l’aide d’Août secours alimentaire la saison |
Seuls huit centres d’aide alimentaire restent | | prochaine. |
ouverts pendant l’été, à Paris, sur la cinquantaine | | « L’église Saint-Lambert-de-Vaugirard est aus- |
généralement en service. Et le Samu social3) | | si devenue un lieu de rencontres, remarque |
l’un des rares organismes ouverts vingt-quatre | | Christine Deverneuil. Au mois d’août, la ferme- |
heures sur vingt-quatre, même en août - fait de | | ture de nombreux lieux d’écoute crée un im- |
son mieux pour donner les adresses de la Halte | | mense vide. Du coup, SDF, familles en difficulté |
des amis de la rue, du centre Baudricourt ou de | | ou vagabonds se retrouvent devant nos centres |
quelques autres. | | deux heures avant l’ouverture des portes, pour |
Lancée il y a cinq ans par Pierre Lane, diacre | | discuter. Ils en oublient parfois qu’ils sont passés |
du diocèse4) de Paris, l’opération « Août secours | | chercher un repas. Ils viennent juste rompre la |
alimentaire » (ASA) assiste désormais les trop | | solitude. » Paris est un désert au mois d’août. |
rares centres ouverts. Chaque été, ASA distribue | | Pour certains, c’est un eldorado. Pour d’autres, la |
des repas dans les caveaux souterrains de quatre | | misère est encore plus triste au soleil. |
églises de la capitale, entre autres Saint-Lambert- | | |
de-Vaugirard. « Année après année, les gens | | |
viennent de plus en plus nombreux », note Chris- | | Sarah Carpentier, dans « L’Express » du |
| | 13 août 1998 |