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Incendies : un combat enragé

Incendies : un combat enragé

1    « Le feu est là, il faut partir. » L’ordre du    hurle un haut-parleur. Des cris jaillissent : « Je vous
 commandant Alain Athimon, chef du bataillon de en supplie, aidez-moi, mes parents sont handicapés
 marins-pompiers de Marseille, est clair. Un jeune30 et ils sont encore dans la maison. »
 homme, l’air halluciné, obéit en silence. Il a son Les sauveteurs semblent gagnés par le
5 petit frère dans les bras, un bébé de dix-huit mois découragement. Trente heures de combat pour
 dont il protège la tête de sa main gauche. Dans la rien… Comment arrêter les flammes de l’enfer ?
 tête des gens une idée est en train de faire son3    « Nous avons beau rapprocher nos véhicules
 chemin : le feu est le plus fort, le feu va vaincre.A35 pour dresser une barrière d’eau contre le feu, dit
 Plan-de-Cuques (15 000 habitants) et à Allauch Jean-Pierre Véna, commandant en second du
10 20 000 habitants), les deux communes jusque-là bataillon, mais nous resterons contournés,
 ennemies, on oublie les vieilles rivalités et l’on encerclés par les flammes. Nous concentrons tous
 s’entraide au mieux. Le maire de la première nos efforts sur les forces terrestres car les efforts
 commune, Jean-Pierre Bertrand, vient d’ouvrir la40 des Canadairs1) sont imprécis à cause du vent et
 salle du Clocheton pour les centaines d’évacués du du terrain difficile. » A dix-huit heures hier soir, les
15 feu. Les gens arrivent, confus et paniqués, des pompiers allaient livrer une guerre totale au feu,
 mouchoirs sur la bouche, des restes de cendre dans une guerre à mort pour l’empêcher de pénétrer
 les cheveux mouillés de sueur. Le maire d’Allauch, dans Marseille. L’hélicoptère ne pouvait rien faire
 Roland Povinelle fait en toute hâte ouvrir les45 à cause des rafales de vent de 140 km/heure.
 écoles, il réquisitionne les hôtels, les maisons de4    Bilan provisoire : de nombreux blessés légers ou
20 retraite et fait ce qu’il peut. Pendant ce temps le malades de la fumée. Plus de mille personnes des
 feu continue sa progression sur le massif de deux villages évacuées de façon préventive. Des
 l’Etoile : il faut partir. avions bombardiers d’eau sont toujours à l’ouvrage
2    Les marins-pompiers sont furieux à cause de50 dans des conditions extrêmes. En attendant, on
 l’absence d’une prise d’eau. La nationale 568 est espère qu’au début de la soirée le vent fort va se
25 coupée à la circulation. Les alarmes des villas calmer, comme l’a annoncé la météo.
 sonnent sans arrêt. Une voiture de gendarmerie 
 sillonne les rues : « Evacuez immédiatement ! » « Le Dauphiné Libéré » du 3 août 1997