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L'espéranto hélas

11     Si no us parlions tous la même langue, nous no us comprendrions les uns les autres, et
2 la paix universelle serait pour demain! Tel était le raisonnement du Polonais Ludwik
3 Zamenhof (1859-1917), qui publia sous le pseudonyme de «Doktoro Esperanto» un livre
4 intitulé Lingvo internacia, suivi par le manuel Fundamento de esperanto. La langue qu’il
5 avait créée était simple et de bon goût. Tout y était logique. Les substantifs se terminaient
6 tous par o, les adjectifs par a, les adverbes par e. Les verbes étaient invariables. Chaque
7 mot se prononçait comme il s'écrivait. Tous ceux qui connaissaient une langue européenne
8 pouvaient apprendre l'espéranto en moins d'un mois.
29     Le mouvement se répandit vite. On tint des congrès espérantistes où tout le monde
10 parlait avec joie à tout le monde. Zamenhof lui-même traduisit en espéranto Hamlet et le
11 Nouveau Testament. A ce jour, les éditions en espéranto, dans le monde entier,
12 comprennent environ 30 000 ouvrages. Mais les militants sont moins de 100 000. Leur
13 symbole, l'étoile verte, est complètement ignoré. Le beau rêve s'est envolé. L'ambition
14 universaliste est devenue une aimable bizarrerie. Comme l'indique le nom, tous les espoirs
15 étaient pourtant permis.
 
     Pierre Enckell, dans «L'Evénemeru du jeudi», 19-25 novembre 1992