Background image

terug

Ibrahim, 20 ans, surfeur

Ibrahim, 20 ans, surfeur

    3    Pour les jeunes comme Ibrahim, il
 30 ne reste que la plage. Elle n’a jamais
  été aussi fréquentée. Les trois pre-
  miers surfeurs y ont fait sensation. Ils
  avaient une planche pour trois, et se la
  prêtaient. L’un d’eux, Al Hindi Ashour,
 35 un ancien champion de natation, a
  ouvert il y a deux ans l’unique club de
  surf de Gaza. Un célèbre surfeur juif
  américain, Dorian «Doc» Paskowitz, a
  fourni quelques planches au Gaza Surf
 40 Club, grâce à son association humani-
1    Dans leurs combinaisons noires, ils taire Surfing for Peace. Ses planches
 marchent sur le sable, leurs planches servent presque tout le temps, répa-
 sous le bras. La scène pourrait se rées sans cesse à la colle à bois. Car
 dérouler à la plage de Biarritz, dans depuis que la bande de Gaza est sous
5 le sud de la France. Sauf qu’on45 embargo, impossible d’en acheter
 aperçoit au large des bateaux mili- d’autres. Malgré cela, le club remporte
 taires. Que les immeubles qui bordent un vif succès: il est fréquenté par une
 la plage sont à moitié détruits. Que quarantaine de fanas, de 14 à 24 ans,
 les surfs sont tellement réparés dont quelques filles. Certains sont
10 qu’on s’attend à ce qu’ils se brisent à50 étudiants, d’autres boulangers,
 la moindre vague. maçons ou pêcheurs. La plupart n’a
2    Nous sommes sur la plage Al pas de travail.
 Sheikh Ejlien, à Gaza City, la ville qui4    Ce que leur apporte le surf? «Un
 donne son nom à cette bande d’une sentiment de liberté», explique l’un
15 quarantaine de kilomètres de long, de55 d’eux. «Sur la mer, on se sent libre.
 6 à 12 km de large. Côté est, une Surfer à Gaza ou à Tel-Aviv, c’est la
 clôture, côté ouest, la mer. Entre les même chose. Dans une situation aussi
 deux, 1,6 million d’habitants. En 2006, désespérée que la nôtre, il n’y a que
 la bande de Gaza a été isolée du point ça à faire: se jeter à corps perdu dans
20 de vue politique et commercial par60 le sport, dans nos passions. Parce
 l’Israël: depuis, personne ne peut sortir qu’il n’y a pas d’alternative. Nous
 ni entrer. Les importations sont limi- acceptons sans protester le fait qu’il
 tées à quelques aliments essentiels. Et manque des produits dans les super-
 tout le monde [id:68382] , puisqu’il n’y a marchés, que le courant électrique va
25 rien à faire à Gaza City. Pas de travail,65 et vient, que nous sommes prisonniers
 pas de cinémas, pas de cafés. «La dans nos propres maisons. Le surf est
 télé? Toujours la même chose», notre moyen d’échapper à la vie de
 regrette Ibrahim. tous les jours et de rêver de liberté.»