- Vos escalades vous ont amenée aux quatre coins | | |
du monde: Népal, Utah, Mali, Sinaï… Associez-vous | |
toujours le voyage à l’alpinisme? | |
- A l’alpinisme ou au trekking, peu importe, mais | |
j’ai en effet toujours besoin d’une raison. Parce que j’y | |
ai goûté, je ne vois pas d’autres façons de _[id:16352]_. | |
Plus que la découverte d’un endroit, c’est la rencontre | |
d’autres gens qui m’intéresse. Grimper permet des ren- | |
contres beaucoup plus riches, beaucoup plus appro- | |
fondies. Le contact est permanent _[id:16353]_ j’ai besoin | |
de l’aide des habitants de la région pour être guidée, | |
logée, nourrie, etc. Partager enrichit la relation: les | |
gens sur place suivent le projet, ils ont envie, eux | |
aussi, que nous réussissions. | |
- Enfant, aviez-vous déjà envie de grimper? | |
- Absolument pas. Je voulais ressembler à Heidi, la | |
petite fille qui vit en montagne avec son grand-père. | |
Mes parents nous emmenaient tous les étés en Suisse. | |
Mes quatre soeurs, mon frère et moi, nous aidions les | |
paysans à ramasser les foins, à traire les vaches... | |
Pourtant, c’est en forêt de Fontainebleau, où nos pa- | |
rents nous accompagnaient le dimanche, que j’ai fait | |
pour la première fois _[id:16354]_. | |
- Vous faites des montées en solo et en duo. | |
Découvre-t-on plus de choses sur soi-même en solo? | |
- Dans les deux cas, c’est un voyage très personnel. | |
Mais à deux, il faut par exemple faire attention aux | |
chutes de pierres qui pourraient blesser celui qui est en | |
dessous, alors que seul, on n’a pas à s’en préoccuper. | |
En duo, je grimpe toujours avec mon mari et souvent | |
je _[id:16355]_ de lui! S’il s’aventure dans un endroit un | | - La naissance de votre fils, en décembre 1997, |
peu difficile, je me dis «Pourvu qu’il n’arrive rien». | | n’a-t-elle pas en partie annoncé la fin d’une vie de |
Seule, je ne me fais jamais des soucis, je suis sûre d’y | | voyages? |
arriver. J’ai vraiment horreur de voir des gens monter | | - J’ai beaucoup voyagé en Europe avec lui, notam- |
en solo, j’ai peur qu’ils tombent! | | ment lors d’une série de reportages pour Paris-Match |
- Lequel de vos nombreux voyages vous a le plus | | qui nous a amenés en Grèce, en Espagne et en Italie. |
marquée? | | _[id:16358]_ je ne suis pas partie en expédition depuis qu’il |
- A chaque fois, ce que j’en garde est très _[id:16356]_. | | est né. Je n’en ai plus tellement envie, je ne veux pas |
Aux Etats-Unis, j’ai été impressionnée par les grands | | le laisser seul. Si je retourne au Népal, par exemple, ce |
espaces, j’aime le désert, en particulier celui de l’Utah | | sera avec lui, pour lui faire découvrir cette région du |
avec ses tours de grè¹ à escalader. Au Népal, j’appré- | | monde et ses habitants. Mais nous ne serons pas |
cie l’ouverture des gens, leur hospitalité. | | obligés de grimper, faire un trek serait bien. |
- Vous est-il arrivé, lors d’une escalade - en parti- | | - Etes-vous attirée par la perspective de faire des |
culier en janvier 1996 lorsque, au pôle Sud, vous avez | | voyages interplanétaires, d’escalader un jour les |
fait une chute de 25 mètres - de vous dire que vous | | cratères de la Lune? |
auriez mieux fait de _[id:16357]_? | | - Je suis bien sur Terre, je n’ai pas _[id:16359]_ pour |
- Jamais. A ce moment-là, j’avais fait une bêtise, | | aller là-haut. J’ai encore plein de choses à faire ici, je |
j’ai perdu l’équilibre dans la pente, c’est un peu | | ne vois pas pourquoi j’irais découvrir une autre |
ridicule. C’est vrai que ça m’a choquée énormément: | | planète. J’ai les pieds sur terre. |
ce n’était pas l’endroit pour avoir un accident. Mais je | | |
ne regrette jamais d’être partie. | | propos recueillis par Corinne Renou-Nativel, |
| | dans «Vacances Bleues Magazine» n0 20 |