1 | 1 | | - Comment vit-on quand on a 17 ans et qu'on est la meilleure joueuse mondiale de |
| 2 | | tennis? |
| 3 | | - Comme je n'ai pas le temps d'aller à l'école tous les jours, je prends des cours |
| 4 | | particuliers. Je suis très peu à la maison, mais gräce au tennis je peux faire beaucoup de choses |
| 5 | | fantastiques: je voyage énormément, je rencontre des tas de gens différents, je découvre le |
| 6 | | monde entier. Rester plus de deux mois dans le même pays et vivre une vie habituelle, cela me |
| 7 | | semble aujourd'hui impossible. |
2 | 8 | | - Que serait pour vous une journée de rêve à Paris sans le tennis? |
| 9 | | - Ou shopping, du shopping et encore du shopping! Avec une carte de crédit que je |
| 10 | | pourrais utiliser sans fin. J'aimerais aussi visiter vraiment Paris, qui est une des plus belles villes |
| 11 | | du monde, découvrir ses monuments, ses jardins et m'installer à une terrasse de café. |
3 | 12 | | - Est-ce stressant d' être la numéro un? |
| 13 | | - Oui, certainement. Chaque joueuse rêve d'être la première. C'est ce qui m'arrive à |
| 14 | | moi en ce moment. J'ai fait de mon mieux pour arriver au sommet, mais aujourd'hui |
| 15 | | j'essaie de ne pas trop y penser. |
4 | 16 | | - Quand vous perdez un match, est-ce une catastrophe? |
| 17 | | - Tout dépend du match. Quand c'est en finale, oui. C'est très dur pendant une heure. |
| 18 | | On se répète tout le temps: «J'avais là, à ce moment précis, une chance que j'ai laissée |
| 19 | | passer». Il m'est arrivé de pleurer à chaudes larmes après un match perdu, mais c'était il y |
| 20 | | a longtemps. |
5 | 21 | | - Vos parents sont-ils sévères? Ils ne vous laissent jamais seule? |
| 22 | | - Comrne tous les parents, ils essaient de me protéger le plus possible. Ils ont quitté la |
| 23 | | Yougoslavie pour être près de moi. Mon père est mon entraîneur et j'ai besoin de ma |
| 24 | | mère. Vous savez, si je devais me retrouver seule dans toutes ces villes à travers le monde, |
| 25 | | ce serait terrible pour moi. J'ai besoin de leur présence. |
6 | 26 | | - Que voudriez-vous faire plus tard? |
| 27 | | - J'ai voulu être beaucoup de choses: avocate puis journaliste. Aujourd'hui, si je |
| 28 | | devais cesser de jouer au tennis, j'aimerais devenir comédienne, faire du théâtre ou |
| 29 | | tourner dans des films. Dès que j'ai un peu de temps, je prends des cours de comédie. |
7 | 30 | | - D'où vient ce cri, que vous poussez chaque fois que vous frappe: la balie? |
| 31 | | - Je sais qu'on en parle énormément dans le monde entier. Mais voilà: j'avais 12 ans, |
| 32 | | je participais à un tournoi de juniors à Orlando, en Floride, et ma partenaire poussait sans |
| 33 | | cesse des cris. Je me suis dit: «Je vais faire comme elle», et, à ma grande surprise, j'ai |
| 34 | | gagné le match! Alors, j'ai recommencé au match suivant. Maintenant, c'est devenu un tic. |
| 35 | | Aujourd'hui, je voudrais arrêter. Mais, dès que j'ai un match important, c'est reparti! |
8 | 36 | | - Vous vivez aux Etats-Unis. Avez-vous demandé la nationalité américaine comme |
| 37 | | beaucoup de joueurs de l'Est? |
| 38 | | - Non, je ne l'ai pas fait. O'ailleurs, je ne pourrais pas choisir de devenir Américaine, |
| 39 | | Française, Allemande ou Italienne. Il y a plusieurs pays que j'aime, mais je suis |
| 40 | | Yougoslave et je le reste. |
9 | 41 | | - Quel est votre prochain but? |
| 42 | | - Gagner les quatre tournois les plus importants dans un an, naturellement. Pour cela |
| 43 | | il me faut gagner Roland-Garros, Wimbledon, les Internationaux d'Australie et Flushing |
| 44 | | Meadow. Tout un programrne. Ce serait fantastique, mais c'est teIlement dur... |