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Tania Léger

Tania Léger: J’aimais être mannequin, mais cela me détruisait!

 Des diètes impossibles en pleine puberté. A 14    
 ans, elle devient mannequin. Quatre ans plus tard, 
 quand on veut l’obliger à maigrir, elle commence 
 à détester son métier. 
  
 A 14 ans, je suis allée à un studio pour assis- 
 ter à une émission de télé sur la mode. Et 
 là, deux agences de mannequins, Elite et 
 Storm,m’ont tout de suite remarquée. J’ai signé un 
5 contrat avec Elite et trois jours plus tard, j’ai fait 
 mon premier défilé de mode. C’était une expé- 
 rience vraiment fantastique. J’ai eu vite du travail, 
 car on demandait beaucoup les types exotiques. A 
 15 ans, Storm m’a engagée. 
10    Mais après quelque temps, je n’avais presque 
 plus de travail. Mon style exotique n’intéressait 
 plus personne, on voulait seulement des manne- 
 quins ultra-minces. Mon agence m’a donné l’ordre 
 de perdre plusieurs kilos; j’étais en pleine puberté 
15 et j’avais beaucoup de mal à accepter qu’on35 vêtements de taille 44.
 m’oblige à maigrir comme ça. J’ai quand même    L’an dernier, j’ai lu un article sur des mannequins
 obéi à l’agence. A un moment donné je pesais «grande taille». J’ai envoyé ma photo à l’agence
 moins de 60 kilos pour 1.80m! J’étais horriblement Hughes et j’ai eu un contrat. Je pose à mi-temps. Le
 maigre. travail chez Hughes me plaît énormément. Dans
20    Je n’ai pas pu refuser, jusqu’au jour où ils ont40 cette agence, je me sens une personne, et pas une
 décidé de me faire couper les cheveux. Là, j’ai eu image dans un magazine. J’ai aussi retrouvé con-
 vraiment l’impression de perdre mon identité. fiance en moi. Les autres agences disaient que
 Quand je me regardais dans la glace, je ne me j’étais grosse et laide. Aujourd’hui, je sais qu’on
 reconnaissais plus. J’ai donc décidé de ne plus peut être charmante et séduisante sans avoir faim
25 travailler pour Storm.45 tout le temps.
    Jusqu’à l’année dernière, j’ai eu des problèmes    La vie est belle. J’aurai bientôt fini mes études et
 avec la nourriture: j’avais des périodes où je je voudrais continuer à travailler comme modèle
 mangeais énormément et d’autres périodes où je «grande taille». Si cela ne marche pas bien, ce n’est
 ne mangeais rien du tout. J’ai eu besoin de pas grave. Le métier de mannequin n’est plus ma
30 beaucoup de temps pour m’accepter comme je suis.50 priorité. J’ai en effet beaucoup de choses à offrir et
 Et puis, quand on a, comme moi, une mère à découvrir. Je suis fière d’avoir dit non à cette vie
 allemande massive et un gros père antillais, on n’a absurde.
 aucune chance de ressembler à un tas d’os¹. 
 Aujourd’hui, je pèse 89 kilos et je porte des d’après «Femme actuelle», septembre 1999

¹ un tas d’os = hier: een skelet