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Collés contre le plafond

Collés contre le plafond, dans le noir, sous 8m de neige

11    «Nous revenons vraiment de loin. On a cru que c'était la fin.» Les deux pisteurs"
2 de Pralognan, sortis miraculeusement vivants d'une avalanche" de cinq cents mètres de
3 largeur sur huit de hauteur, se remettent doucement de leurs émotions. Un des deux est
4 encore à l'hôpital de Moutiers pour se réchauffer d'un énorme coup de froid après cinq
5 heures passées sous des tonnes de neige par plusieurs degrés en dessous de zéro, mais
6 l'autre a déjà largement fêté sa «quatrième vie». En effet, pour Jean-Pierre Favre,
7 responsable de la sécurité des pistes de ski de Pralognan, c'est déjà sa quatrième
8 avalanche.
29    Dimanche, peu avant 14 heures, Jean-Pierre part avec un engin de damage" piloté
10 par Michel Favre, qui porte le même nom sans être de sa famille . «On s'appelle tous
11 Favre à Pralognan.» La piste était fermée. «A un moment donné nous avons senti le vent
12 fort qui annonce une avalanche.»
313    Mais, sans visibilité sur tout le massif, il est déjà trop tard lorsque les deux pisteurs
14 aperçoivent le monstre blanc. «Nous avons juste eu le temps de tourner l'engin.
15 L'avalanche nous a pris par l'arrière. Ça va très vite avec la neige fraîche. Toutes les
16 vitres ont éclaté et explosé dans tous les sens. Par la neige qui est entrée dans la cabine,
17 nous avons été soulevés contre le toit en aluminium qui a résisté par miracle. Après,
18 c'était le noir total, On ne savait plus ce qui se passait. Ce qui nous a sauvés, c'est ce
19 réflexe vital d'avoir mis les mains devant la bouche.» Couverts de huit mètres de neige,
20 les deux hommes ont gardé dix centimètres de vide devant le nez pour pouvoir respirer.
421    «Nous étions dans l'obscurité totale sans pouvoir bouger. J'ai pu quand même
22 libérer un bras pour prendre la radio. J'ai donné l'alerte et pendant deux heures, j'ai pu
23 parler aux pisteurs et moniteurs qui sont aussitôt venus à notre aide. Puis la radio a cessé
24 de fonctionner 'à cause du froid . Je savais bien qu'on avait été emportés à l'endroit où
25 deux pistes se rencontrent.»
526    Cependant, avec l'avalanche, on ne pouvait pas retrouver l'endroit exact. Les
27 hélicoptères ne pouvaient pas décoller à cause de la mauvaise visibilité. Alors les
28 chasse-neige entrent en action pour faire disparaître la neige au-dessus des têtes des
29 malheureux hommes.
630    Plusieurs heures s'écoulent. Après cinq heures de recherches, à l'approche de la
31 nuit, c'est finalement un chien d'avalanche venu de La Plagne qui découvre les deux
32 hommes. «Ça n'a pas été si long. Le temps passe très vite quand on lutte pour survivre»,
33 dit encore Jean-Pierre Favre. Et comment s'appelle le héros à quatre pattes de l'histoire?
34 «Je ne sais pas du tout.» De l'ingratitude humaine ...


d'après Marie-Claude Dubin, dans «France-Soir» du 29 mars 1988

un pisteur = iemand die skipistes onderhoudt, een baanveger
l'avalanche = de lawine
un engin de damage = een machine voor het onderhoud van skipistes
l'ingratitude = de ondankbaarheid