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L'Irlandaise des enfants de Khartoum

L'Irlandaise des enfants de Khartoum

11    Pour Roisin Burke la journée commence à 7h30. Arrivée au bureau où l'attendent
2 les chauffeurs, l'infirmier, le cuisinier, l'éducateur chargé des écoles, elle distribue le
3 travail et l'argent pour les achats. Une longue journée qui se termine à... «Pas d'heure.»
4 dit-elle. «Depuis mon arrivée au Soudan, début 1987, je ne regarde pas ma montre sauf
5 pour le réveil.»
26    Roisin a étudié en France, à Bio Force Aquitaine, une école qui forme des
7 assistants pour le tiers-monde dans le domaine médical et agricole. Aller travailler dans
8 le tiers-monde lui permettrait de fuir son ile natale, l'Irlande, qui était devenue trop petite
9 pour elle.
310    Maintenant Roisin fait sa première mission de longue durée en Afrique. Elle est le
11 bras droit de Robert Richard, un ancien diplomate français qui a abandonné sa carrière
12 pour se consacrer totalement aux «chammassa», les enfants des rues de Khartoum, la
13 capitale du Soudan.
414    A cause de la grande famine qui a frappé l'Afrique et de la guerre civile dans le
15 Sud du Soudan, des milliers de réfugiés sont arrivés dans la capitale où ils habitent
16 maintenant dans des bidonvilles. Les parents, trop pauvres pour nourrir leurs nombreux
17 enfants, envoient les garçons dans la rue dès l'âge de 5 ou 6 ans. A eux de survivre. «Les
18 envoyer à la rue, c'est les condamner plus ou moins vite à la faim, la maladie et la mort.»
19 dit Roisin. Aussi Robert Richard a-t-il fondé une association, «les Enfants du soleil»,
20 ou verte à tous les enfants abandonnés.
521    A 8h30, Roisin se dirige vers Hellat Chok, près de Khartoum, une décharge
22 d'ordures" où se sont réfugiées 5000 personnes venues du Sud, chassées de leurs terres
23 par des soldats. La camionnette Fiat roule au milieu des boîtes de conserves vides, des
24 carcasses de voitures, des enfants sortis de partout. Le thermomètre monte, en ce début
25 de matinée, à 30° -32 °. Près des huttes faites de bouts de carton se trouve un bâtiment en
26 bambou, où il y a une salie de c1asse et une c1inique. Roisin reçoit les patients, donne les
27 premiers soins, nettoie les blessures. Deux petits garçons, brûlés à la poitrine et aux
28 jambes par de l'eau bouillante, ne peuvent être soignés au milieu des mouches et de la
29 poussière. Roisin repart avec eux pour la maison des Enfants du soleil.
630    A 2 heures de l'âpres-midi, retour à la maison. Roisin tombe dans un vieux fauteuil
31 et boit un verre de citron pressé. Le repos ne dure pas longtemps ... deux gamins
32 grimpent sur le fauteuil , le plus jeune s'assied près d'elle. C'est Issa, 6 ans, «nous l'avons
33 trouvé en train de fouiller dans une poubelle». L'autre, Mohammed, 9 ans, a quitté sa
34 famille: il était battu par son père adoptif. Demain, ils iront dans un foyer familial créé
35 par l'association, chez un couple soudanais qui a pris le rôle des parents et accueille
36 jusqu'à quinze enfants. Roisin s'occupe du contrôle médical de ces foyers. Ainsi, les deux
37 enfants resteront en contact avec leur grande amie.
738    Et la journée continue. Normalement, il y a un moment pour la sieste ; mais
39 souvent des gens viennent pour se faire soigner. «Certes, c'est très très fatigant, j'ai
40 toujours trop de travail, mais c'est aussi très passionnant. On voit très vite des résultats
41 chez les enfants. Il faut faire vite, impossible d'attendre les autorisations pour ouvrir un
42 hôpital, une école. La situation est tellement urgente, et de toute façon, les autorités
43 soudanaises ont trop de problèmes: il y a plus d'un million de personnes vivant dans les
44 bidonvilles!»


d'après «Cosmopolitain» de septembre 1987

la famine = de hongersnood
un bidonville = een krottenwijk buiten de stad, vaak opgebouwd uit golfplaten, blikken en andere afvalprodukten
une décharge d'ordures = een vuilnisbelt